Lorsqu’il s’agit d’investir sur les marchés actions, deux grandes approches coexistent : la gestion indicielle (ou passive), qui réplique la performance d’un indice, et la gestion active, pilotée par des gérants professionnels cherchant à le battre. Ces deux stratégies sont souvent opposées… à tort. Plutôt que de les considérer comme rivales, il est plus judicieux de les voir comme complémentaires.
Associer les deux philosophies pour un portefeuille équilibré
Construire une stratégie patrimoniale performante passe avant tout par la diversification : à la fois des enveloppes (assurance-vie, PEA, PER…) et des classes d’actifs. Cette logique s’applique également aux types de fonds que vous sélectionnez.
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Les fonds indiciels (ETF) reproduisent la performance d’un indice (S&P 500, CAC 40, MSCI World, etc.) de manière simple et avec des frais de gestion réduits.
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Les fonds gérés activement, eux, visent à surperformer une référence grâce aux choix de titres et au timing opérés par une équipe de gestion, ce qui a nécessairement un coût plus élevé.
L’un cherche à suivre le marché, l’autre à le battre. Deux objectifs différents, mais que l’on peut parfaitement conjuguer au sein d’un même portefeuille.
L’essor spectaculaire des ETF
Depuis quelques années, les ETF connaissent une croissance fulgurante, notamment en Europe :
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La collecte nette a atteint 247 milliards d’euros en 2024, contre 145 milliards d’euros en 2023.
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En France, l’AMF observe une hausse de 130 % des transactions sur ETF entre le premier trimestre 2024 et le premier trimestre 2025.
Cette dynamique s’explique par la simplicité et le coût réduit de ces fonds. Suivre un indice tel que le NASDAQ 100 revient, par exemple, à s’exposer à l’ensemble du secteur technologique américain. Les ETF sont désormais accessibles au plus grand nombre via plusieurs enveloppes comme l’assurance vie, le PER ou le PEA.
Certains investisseurs choisissent même une approche « tout ETF », motivés par la réduction des frais. Mais est-ce toujours la meilleure option ?
Les atouts persistants de la gestion active
Si les ETF séduisent par leur efficacité et leurs faibles coûts, la gestion active conserve toute sa pertinence dans plusieurs domaines :
- Fonds obligataires datés : très prisés pour leur lisibilité et leur faible volatilité
- Fonds small & mid caps européens : une véritable chasse aux pépites menée par des maisons de gestion spécialisées (la France a d’ailleurs un excellent savoir-faire en la matière)
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Fonds à stratégie spécifique : certaines stratégies flexibles ou « long/short » permettent de capter avec une stratégie opportuniste du gérant, des plus-values à court ou long terme sur les actions
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Fonds structurés : adossés à un panier de valeurs ou un produit de taux, ils permettent d’annoncer un potentiel de rendement, sous certaines conditions, avec ou sans garantie en capital à l’échéance
Autrement dit, la gestion active garde tout son intérêt dans les stratégies où la sélection de titres, le timing de marché et l’expertise humaine apportent une réelle valeur ajoutée.
Quelques points de vigilance
Avant de choisir entre gestion active et passive, il convient de garder en tête plusieurs principes fondamentaux :
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Définir une allocation cohérente avec votre profil d’investisseur et votre horizon de placement. Par exemple, suivre le NASDAQ 100 peut être prometteur à long terme, mais restera toujours volatil à court terme
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Comparer les performances annuelles nettes de frais, plutôt que de se limiter au niveau de frais de gestion affiché
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Surveiller la concentration géographique ou sectorielle : la diversification reste toujours une règle d’or
En conclusion : la force du modèle « cœur-satellite »
Il n’existe pas de produit miracle. La meilleure approche repose sur la personnalisation et la diversification. Une architecture mixte “cœur-satellite” — combinant un noyau d’ETF indiciels pour capter la performance globale du marché, et des satellites de fonds gérés activement pour chercher la surperformance — peut constituer une stratégie robuste dans le temps.
L’enjeu n’est pas de choisir entre gestion passive et active, mais de trouver le bon équilibre, selon vos objectifs, votre tolérance au risque et votre horizon d’investissement.


