Les petites et moyennes capitalisations cotées (small et mid caps) ont perdu de leur éclat face au private equity. Pourtant, ces entreprises conservent des atouts majeurs. Décryptage d’un retour en grâce annoncé.
Une contraction réelle du marché des small et mid caps cotées
Depuis dix ans, le nombre d’entreprises de petite et moyenne capitalisation cotées en Europe et aux États-Unis a nettement diminué.
En 2015, on en comptait environ 6 500 ; elles ne sont plus que 5 000 aujourd’hui.
Cette contraction s’explique par :
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Des retraits de la cote supérieurs aux introductions ;
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L’appétit du private equity, qui rachète de nombreuses entreprises avant ou après leur entrée en bourse.
Résultat : le gisement coté se réduit, et beaucoup d’investisseurs estiment que la Bourse perd en attractivité face au non coté.
Une décennie de sous-performance relative
Sur la période 2015-2024, les small et mid caps ont effectivement connu une période difficile :
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+8 à +9 % par an en Europe,
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+6 à +7 % aux États-Unis
Contre des performances supérieures de 25 à 50 % pour les grandes capitalisations.
De quoi expliquer, du moins en partie, le désintérêt d’une partie des investisseurs institutionnels pour ce segment.
Pourquoi les small et mid caps ne sont pas mortes
Malgré ce constat, il serait exagéré de dire que le segment des petites et moyennes capitalisations cotées est condamné. Plusieurs éléments structurels plaident pour une reprise durable :
1. Un vivier encore profond
Les quelque 5 000 sociétés cotées sur ce segment en Europe et aux États-Unis représentent toujours un univers d’investissement très riche.
En Asie, le nombre d’introductions en bourse reste supérieur aux retraits, offrant un équilibre global positif et doublant le gisement France + US en ajoutant de l’ordre de 5 000 valeurs supplémentaires.
2. Une meilleure liquidité que le Private Equity
Contrairement au non coté, le marché boursier permet de liquider ou renforcer une position à tout moment, un atout clé en période d’incertitude économique.
3. Des opportunités de croissance
Technologies émergentes, internationalisation, opérations de consolidation : les small et mid caps sont au cœur des dynamiques industrielles de demain.
4. Un cycle haussier qui redémarre
Après une longue traversée du désert, les signaux techniques et fondamentaux indiquent un redressement clair du segment.
2025 : le retour en grâce des small et mid caps cotées
Les indices le confirment :
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STOXX Europe Small 200 : +14 % depuis le début de l’année,
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STOXX Europe Mid 200 : +12 %,
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S&P SmallCap 600 : deux fois la performance du S&P 500 depuis mi-2024.
Des raisons solides expliquent cette reprise :
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Ancrage domestique fort : selon Morgan Stanley, environ 65% du chiffre d’affaires des small caps européennes sont réalisés au sein de l’Union européenne, réduisant significativement l’exposition aux risques commerciaux internationaux et aux fluctuations du dollar américain.
- L’intérêt des investisseurs institutionnels s’intensifie : Morningstar rapporte que les fonds orientés small et mid caps en Europe ont enregistré dix semaines consécutives d’entrées nettes de capitaux au 26 juillet 2025, un rythme inégalé depuis 2021. De nombreux Etats soutiennent l’investissement dans ce segment de la cote dans les produits d’épargne longue, comme en France avec le PEA-PME et la gestion pilotée des PER.
- Le contexte macroéconomique américain se révèle particulièrement favorable : aux États-Unis aussi le réveil se confirme depuis mi-2024. L’indice S&P SmallCap 600 a surperformé l’indice S&P 500 avec une performance environ deux fois supérieure. Cette dynamique s’est renforcée après les élections américaines, portée par l’optimisme lié aux politiques économiques favorables à la croissance. Croissance économique généralisée, inflation modérée et assouplissement monétaire et perspectives de baisse des taux, le segment des petites et moyennes capitalisations étant très sensible aux taux d’intérêt.
- En Asie c’est plus compliqué depuis le début de l’année : les petites et moyennes capitalisations hors Japon sous-performent par rapport aux large caps à +2% versus +15%. Mais on voir revenir des flux nets d’investissement depuis quelques semaines ce qui est bon signe.
Des valorisations redevenues attractives
Autre élément en faveur du segment : les valorisations sont aujourd’hui particulièrement intéressantes.
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Europe : le ratio cours/bénéfices prévisionnel (PE forward) se situe entre 13 et 14, soit une décote de 10 à 15 % par rapport aux grandes capitalisations. En France, les multiples sont inférieurs de 30 % à ceux du private equity.
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États-Unis : le segment se paie 16 à 17 fois les bénéfices, contre 22 fois pour le S&P 500, alors qu’historiquement la tendance est inverse.
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Asie : la décote atteint 20 à 35 % selon les marchés, et près de 40 % des small et mid caps japonaises s’échangent sous leur valeur comptable.
Comment investir dans les small et mid caps ?
Trois stratégies principales s’offrent à vous selon votre profil d’investisseur :
1. Les ETF (trackers)
On peut se faire une allocation à base de trackers.
- Avantages : simplicité, frais réduits, diversification immédiate.
- Limites : on ne peut pas travailler en profondeur le gisement pour se concentrer sur les valeurs dont on pense qu’elles ont le meilleur potentiel.
2. Travailler avec des OPCVM
On peut également travailler avec des OPCVM actifs de maisons spécialisées, sélectionnant les valeurs.
- Avantages : gestion experte, sélection qualitative (« stock picking »).
- Inconvénients : frais plus élevés.
3. L’investissement en direct
C’est évidemment plus consommateur de temps, mais pour ceux d’entre nous qui ont envie de gérer eux-mêmes c’est la solution la plus séduisante. Le sujet est de pouvoir se nourrir à une recherche spécialisée par marché de bonne qualité.
Une recherche indépendante est alors indispensable : en Europe, IDMidcaps est l’un des rares acteurs à proposer une couverture qualitative dépassant la simple agglomération de données non harmonisées sur près de 400 valeurs. On peut aussi citer Equity Development au Royaume-Uni, Roth MKM et Needham aux US ou encore DZT Research ou SmartKarma pour l’Asie.
En conclusion : un segment à redécouvrir
Non, les small et mid caps cotées ne sont pas condamnées par le private equity.
Elles sortent d’une période difficile, mais leurs fondamentaux, leurs valorisations et le retour des flux plaident pour une revalorisation durable.
Pour les investisseurs capables de faire preuve de patience et de sélectivité, ce segment représente l’un des meilleurs leviers de diversification et de performance à moyen terme.
« La Bourse, c’est du travail », disait un grand gérant dans les années 1990.
Les small et mid caps n’échappent pas à la règle.
